A l'heure où le soleil est le plus haut dans le ciel, Anoki rentre à la ferme familiale, accompagné de Floky, son jeune chien-loup. Elle posera le maigre lapin qu'elle avait réussit à chasser plus tôt dans la matinée en soufflant.
Un feu de cheminée, réchauffait la petite bâtisse de bois et de pierres. Helen sa petite soeur, aura un petit rire, la tête baissée. Elle était en train de couper des légumes pour le repas et se moquait ouvertement d'Anoki. Quant à Yvar, son grand frère, assis sur un tabouret à affûter une dague, celle de son père, il posera un instant ses yeux bleus sur le gibier apporté par sa soeur, avant de faire un sourire de coin.

- Bravo, aussi petit qu'un chat. De quoi nous nourrir de nombreux mois. Ironise t-il.

Anoki, les regarde tour à tour, l'air renfrogné. Un petit grognement sortira de sa gorge pendant qu'elle se dirige vers le porte-manteau pour se découvrir. En revenant s'asseoir avec se qu'il lui restait de sa famille, elle trouve une belle excuse.

- Dois-je vous rappeler que c'est l'hiver?

Elle avait les bras croisés. Yvar pose son arme sur la table et pouffe, loin d'être naïf.

- L'hiver oui, je pense plutôt que tu es faites pour la cueillette.

Anoki ouvre légèrement sa bouche d'offuscation pendant qu'Helen éclate d'un rire perlé, Yvar semblait fière de sa remarque, mais elle se sentait vexée. Vexée et nulle. En réalité, elle s'était mise à la chasse il y a de cela quelques semaines et rentrait souvent bredouille, voilà pourquoi, sa famille la charriait, en particulier son grand frère. En le montrant du doigt, doigt qu'elle posera ensuite sur la large table en bois, Anoki rétorque.

- Parce que tu aurais fait mieux que moi peut être ? Sans doute ?

A sont tour, Yvar croise les bras, il a un hochement de tête grave, la conversation allait encore monter d'un cran puisqu'il commence à y glisser des reproches.

- Oui, car j'ai écouté père quand nous étions plus jeunes, et si je ne passais pas tout mon temps à la ferme,  nous aurions assez de gibier pour passer les hivers, et d'autres saisons.

La jeune et douce Helen, fera une légère grimace, elle sentait bien que la discutions tournait mauvaisement et s'éloigne un peu, plus réservée que les deux autres a priori. Elle déposait ses morceaux de légume, dans le bouillon de la marmite au dessus du feu. Lorsqu'elle tourne la tête pour admirer sa soeur Anoki, elle y voit son père et quand elle admire son frère Yvar, elle y voit sa mère. Helen sourit.

- ...je travail autant que toi pour garder la ferme ! S'insurge Anoki, qui s'était levée depuis.

Helen trouvait que sa grande soeur était jolie, mais son caractère parfois, lui retirait un peu de sa beauté. Celle ci était la plus impulsive des trois alors qu'Yvar, gardait  toujours un calme qui frôlait parfois l'arrogance. Cela, elle était de l'avis de son frère. Anoki passait trop de temps à défier la nature et ses compétences, laissant Yvar presque totalement seul pour gérer la ferme.
D'ailleurs il se lève à son tour, de son mètre quatre vingt.

- Ce n'est pas ce qu'avait dit père. Tu devais surtout suivre les traces de mère, travailler ici et non vagabonder sans cesse or de la maison, loin de ta famille !

Helen, laisse mijoter le repas, qu'elle leur servirait probablement après leur débat inutile. Elle le trouvait inutile et trop répétitif, mais elle les aimait, plus que tout et souhaiterait toujours leur bien. L'une des raisons pour lesquelles elle admirait Anoki, c'était son ambition. Son envie de voir ailleurs et de ne pas se priver. Elle observe donc sa grande soeur, s'accroupir prés de son chien-loup, qu'elle va caresser, tout en répondant plus calmement à Yvar.

- Et bien ce n'est pas ce que je souhaite pour mon avenir. Au risque de me répéter.

Yvar lancera un bref regard sur leur jeune soeur, avant de reporter son attention sur Anoki et se qu'elle venait de dire. C'est d'un ton d'évidence qu'il réplique.

- Sauf que c'est moi qui décide maintenant. J'ai besoin de toi ici Anoki, Helen aussi à besoin de toi.

L'instinct d'Helen, ainsi que son petit coeur, vont sentir la colère ambiante, surtout de la part d'Anoki. Alors pour alléger un peu la situation, Helen va enfin se mettre à parler, arborant son sourire timide.

- Arrêtez de vous disputer, vous parlez sans cesse de père et mère. S'ils avaient été là, ils vous aurez grondé tout les deux. Venez plutôt manger ...

Un petit silence s'installe alors entre Anoki et Yvar. Ils s'observent dans le blanc des yeux avant de prendre place à la table. Les efforts d'Helen ont payés, à croire c'était la plus jeune qui était la plus mature. Yvar, un peu plus détendu, va prendre une miche de pain et la séparer pour ses deux soeurs, il leur apprend alors.

- Si tu veux parler de chasse Anoki, alors je peut te dire que père à déjà ramené un horite ? Un mâle en plus. Une seule fois dans sa vie.

Helen remplira leurs gamelles, avant de s'asseoir aux côtés de son grand frère. Elle parle peu, mais écoute beaucoup.

- Père ne m'a jamais parlé de ça, je pensais que ces animaux vivaient en groupe ? Demande Anoki.

- Ahah, je n'ai pas dit que père était revenu en excellente santé à son retour ! Et puis si tu avais mieux écouté ... Sourit Yvar.

Il se lève alors et semble partir dans une autre pièce, sa chambre, en même temps, il ajoute.

- ... il a gardé un trophée. Regardez.

Yvar revient avec la preuve ultime, la corne d'un horite. Anoki hausse un sourcil, se rappelant alors du jour, où ils avaient fait justement un bon repas en hiver, à déguster cette viande. La jeune femme sourit alors.

- Si un jour je ramène un horite, est-ce que tu m'autorisera à faire mon premier voyage Yvar?

Son ton était à demi-sérieux. Yvar, posera la corne prés de ses soeurs et viendra poser un bisou sur la tête d'Anoki.

- Rectification, si tu m'aides un peu plus à la ferme, que tu nous chasse un horite car ce n'est pas difficile, et te trouve une monture pour ton voyage, alors oui, je te laisserai partir si tu me promet de revenir en vie.

Helen sourit avec satisfaction, les disputes ne duraient jamais longtemps sous le toit Madsdottir. Leur grand frère, revient donc s'asseoir et pose ses deux poings sur la table maigrement garnit.

- Bien, prions et mangeons !

Le reste du repas, se déroula sereinement. Anoki lançait parfois quelques regards au reste de sa famille juste devant elle, comprenant finalement se qu'ils ressentaient à l'idée de la voir partir et peut être, ne jamais revenir. Elle même angoissait juste par ignorance. A vrai dire, elle ne s'était jamais vraiment éloignée des environs de Gard depuis sa naissance. Pourtant, avant de manger, Anoki va prier pour remercier les dieux, mais aussi pour attraper un jour un horite...