Cascade of emotions

@Daphtëa Nolakris et Dinril Nolakris

« Tu comptes rester à ne rien faire encore longtemps ? » Oz’ n’était pas de ceux qui gardent leur langue dans sa poche. Il disait tout ce qu’il pensait même si parfois, je m’en serais volontiers passée. « J’ai déjà beaucoup chassé depuis des jours, nous avons de quoi faire une belle vente, si je ressors encore aujourd’hui, je ne vais pas savoir où mettre les corps et pas assez de temps jusqu’à demain pour dépecer les bêtes et tanner la peau…alors oui ! » Je me retourne vers lui, les paumes sur les hanches et un rictus amusé sur le visage. « Je compte bien rester à ne rien faire aujourd’hui ! » Je n’avais aucune envie de traquer, il faut dire que depuis plusieurs semaines, je n’avais plus goût à grand-chose, mes pensées et mes rêves étaient saturés par le visage de ma petite sœur. J’étais totalement dans la confusion concernant ce que je devais faire pour elle, si tenté que je puisse faire quoi que ce soit. Qui étais-je ? Une esclave demi-Eërie prise au piège dans une contrée où je n’étais perçue que comme une immondice qu’on foule du pied. J’avais la chance d’avoir croisé le chemin d’Oz’, je n’allais certes pas dire le contraire, mais je n’étais toutefois qu’une simple esclave et même si mon « ami » pouvait me rendre ma liberté à l’occasion d’un de nos voyages au Val d’Émeraude, il ne le faisait pas et par délicatesse, parce que je savais l’affection qu’il avait pour moi, je ne lui demandais pas. Ma sœur, ma douce Daphtëa était devenue comme les Faës qu’elle servait, froide, cruelle et probablement mortelle. J’avais entendu bien des rumeurs et des histoires sur l’esclave du Prince et j’avais bien du mal à imaginer ma sœur dans la peau de cette personne. Oz se leva et posa sa large main sur mon épaule. Il me dépassait sans mal de plusieurs centimètres. Ses yeux se posèrent sur mon visage et je fronçais les sourcils. « Quoi ! » lui répondis-je d’un ton abrupt. « J’ai besoin de solitude, alors ne va pas chasser, va juste te promener, mais ne reviens que lorsque le soleil débutera sa descente, je te le demande » Je soupire légèrement, je comprends bien entendu qu’il apprécie sa solitude et je sais que je n’ai pas tellement le choix que d’obéir. « Très bien… » J’attrape mon carquois, ainsi que mon arc, je saisis ma veste en cuir tanné et je quitte sans plus de mots la cabane se situant aux pieds des montagnes dans la forêt silencieuse.

En cette période de l’année, les journées ne sont pas très ensoleillées et c’est un bienfait que les Faës apprécient. Moi, j’aimerai plus de luminosité, j’aime voir les lumières transpercer les feuillages des grands arbres, observer les nuages épars qui maculent le ciel les jours de beaux temps. Mais aujourd’hui, le ciel est aussi morose que l’est mon cœur. Je marche avec prudence à travers les bois, je laisse mes pieds me guider jusqu’à l’orée de la forêt silencieuse. De là, j’aperçois l’horizon et le paysage moins vert que dans la forêt. Cette sensation de vue à longue distance fait pourtant beaucoup de bien à mon regard qui se perd sur plusieurs kilomètres contrairement à ma vision dans la forêt très limitée par la densité de la végétation. Alors que je veux me poser sur un rocher, j’entends une brindille craquer et mes sens se mettent en alerte. J’attrape une flèche avec agilité dans mon carquois et je tends mon arc en direction du bruit. Mon regard aiguisé cherche l’auteur du son, soudain la silhouette se dessine et je conserve mon arc bandé. Est-ce mon esprit qui me joue de tour ? Est-ce que je rêve ? Me suis-je endormie ? Ce ne peut pas être elle ? Pourquoi serait-elle revenue ? Elle continue de s’avancer et je la préviens. « N’avance pas ! »

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Daphtëa Nolakris et @Dinril Nolakris

En cette saison, la lumière était moins présente et c’était loin de lui déplaire. L’obscurité ne lui déplaisait pas et elle s’était habituée à elle, depuis longtemps. Son maître lui avait donné quartier libre et elle le remerciera grandement en toute intimité. Un frisson d’exaltation l’enveloppa face à cette perspective, qui lui convenait véritablement. Une promenade près de la forêt et ce qu’il lui convenait en ce moment. Elle pourrait savourer ce sentiment de « paix » et de « solitude » l’encourageant à s’aventurer davantage un peu plus loin de la cité et du sien de la royauté. Aucune mission ne lui avait été attitrée, Daphtëa n’avait pas non plus dévoilé, qu’elle avait retrouvé il y a peu, un visage du passé, qu’elle était parvenue à oublier. Leurs retrouvailles ne furent pas fluctuantes pour tout dire, mais une distance s’était tissée davantage, telle une toile d’araignée. Ses pieds craquent sur les brindilles, qu’elle sent au long du chemin qu’elle parcourt. S’engouffrer un peu plus dans cette forêt était ce qu’il lui plaisait, quand il lui autorisait ces moments, où elle avait besoin d’être seule et ou elle n’avait pas besoin de suivre une mission. C’était un peu calme en ce moment, ce n’était pas vraiment un mal.

Soudainement, elle perçoit des mouvements non loin d’où elle se situe. Ses sens un peu plus développés, grâce à ses sens plus ou moins animals, qui coulent dans ses veines. Telles de ces créatures qui ont innombrables en ce monde. Lui est très utile, même quand elle garde sa forme humaine. Ses yeux perçoivent alors une silhouette, qu’elle n’a pas vraiment du mal à reconnaître. Pourquoi était-elle ici ? Pourquoi devaient-elles se voir à nouveau ? Si c’était dû au hasard ou au destin, elle s’en serait bien passée. Son regard montrait une sincère froideur, lui dévoilant qu’elle n’éprouvait pas de peur. Face à cette flèche braquait sur elle. Un sourire discret, mais loin d’être empli de douceur, mais bien tout le contraire. Sa voix se fait entendre solide, sans tremblement. –« Comptes-tu me tuer ainsi ? Grande sœur ? » -. Daphtëa la provoquait sans hésitation, mais elle restait sans bouger, prête à tout moment à l’attaquer, si nécessaire. Certes, elle était sa grande sœur, mais elle l’avait chassée de sa vie, désormais. La revoir ainsi éveilla à vrai dire, des sentiments contradictoires et qu’elle avait bannis depuis longtemps. Y retrouver une pointe de goût les concernant lui déplaisait et quand c’était ainsi, elle était encore plus difficile de contrôler ses pulsions obscures. Tout en la voyant s’avancer et ne bougeant d’un pouce. Son regard observa le visage de sa sœur aînée, sous les traits féminins et contrastant des siens. Sœurs, mais elles ne se ressemblaient pas vraiment. L'une d’une blondeur entourait d’obscurités et l’autre brune où une lumière pouvait se percevoir. Tout comme un léger rayon du soleil l’entourait un peu, alors qu’elle était plus dans l’ombre avec les arbres et les buissons autour d’elle. Quel étrange spectacle tout de même, dont personne ne connaissait vraiment le dénouement à la fin de leur rencontre.

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@Daphtëa Nolakris et Dinril Nolakris

Même si mon cœur battait plus que de raison, je me fis un devoir de ne rien montrer en apparence. Ainsi, mes bras et mes mains ne tremblaient pas face à ce fantôme d’un autre temps, face à celle que j’avais ardemment recherchée et qui aujourd’hui rendait mon cœur meurtri. Le regard, de la personne que fut jadis ma sœur, était froid comme la glace, écho à la couleur nacre de sa chevelure. « Comptes-tu me tuer ainsi ? Grande sœur ? » Lors de notre dernière rencontre, j’avais hésité sur le fait qu’elle m’avait véritablement reconnu, mais sa phrase ne laissait plus de place au doute. « Comme cela ou autrement…Aujourd’hui ou demain…en réalité, lorsqu’on sait qui tu sers et ce que tu es devenue, je crains plus pour ma propre vie que pour la tienne ! » Elle était ma sœur, le sang de mon sang et même si j’avais eu quelques pensées violentes contre elle, Daphtëa était tout ce qui me restait. Qu’est ce que le destin avait fait de nous ? Dans ce jeu où la vie est une lutte de par notre condition, elle avait su tirer sa lame de ce jeu malicieux, pouvais-je lui en vouloir d’avoir simplement survécue ? Les rumeurs sur l’esclave du prince étaient encore plus insupportables à entendre depuis que je savais que nous étions liées, mais elle restait ma petite sœur et mon cœur de protectrice ne pouvait pas fermer les yeux sur ce que nous avions pu être un jour. J’abaissais mon arme, me laissant plus faible et à découvert que jamais. Avais-je confiance en elle ? Certes non, mais je devais au moins tenter de la faire revenir avant de la juger perdue. « Tu as tellement changé que j’ai eu peine à te reconnaitre l’autre jour…J’ai espéré pendant longtemps que tu aies survécu…Et il faut croire que mes demandes ont été entendues par Qearis » Mon cœur en cet instant aurait aimé s’épancher et parcourir les quelques pas entre nous pour étreindre ma jeune sœur, ma raison me hurlait de rester sur mes gardes et de ne pas lui montrer que ma faiblesse était l’amour ou la haine qu’il pouvait y avoir maintenant en guise de fossé. Afin de commettre une erreur, j’attendais donc qu’elle réagisse, de cela, dépendra mes futures réactions et actions. Bien que j’en fusse maintenant certaine, je pourrais lui laisser le dessus si cela pouvait la sauver de la vie qu’elle avait.