Sans prévenir

@Emrynn D'Utheres et @Neven Pryderi

La visite que j’avais eue de la jeune Tilvia dans ma masure m’avait quelque peu surprise, si je n’avais pas eu le fin mot de l’histoire, elle m’avait demandé comme une faveur de prévenir le Duc D'Utheres localisé dans la ville de Camelot. Mon départ de la cité n’était pas si vieux et je savais où se trouvait sa demeure, fallait-il pouvoir y entrer dans éveiller d’éventuels soupçons, l’Intendant voulait sans doute retrouver sa fille et je ne pouvais parler qu’à lui seul. Une simple roturière ne pouvait se permettre de demander audience à un noble Duc et mes possibilités étaient assez réduites concernant un entretien sans en dire de trop à d’autres oreilles possiblement corrompues. Mais je devais au moins tenter pour Tilvia.

Cela faisait maintenant 3 jours depuis la visite de la fille de l’intendant de Camelot, j’avais emprunté une tenue plus appropriée, une tenue que portaient les dames nobles. Une amie couturière de la capitale travaillait sur une commande et j’en avais profité pour lui rappeler la faveur qu’elle me devait. Elle s’était montrée quelque peu réticente au début, mais j’avais des arguments qu’elle ne pouvait ignorer. Vêtue comme une dame, coiffée comme tel, je me dirigeai vers la demeure du Duc dans une partie de Camelot réservé aux gens les plus fortunés. Je savais risquer gros en trichant sur ma condition de naissance, mais qui le saurait ? C’est ce que je me répétais plusieurs fois avant d’arriver à la porte. Je prenais plusieurs grandes inspirations avant de soulever le heurtoir pour donner deux coups avec celui-ci sur la porte. Lorsque la porte s’ouvre, je me trouve face à un homme et je me présente en faisant attention aux mots que j’emploie pour ne pas que ma manière de parler me trahisse. « Bien le bonjour. Je suis Dame Brisène de Dacaster, veuve du Baron Pellinor de Dacaster. Je souhaite demander une audience au Duc d’Utheres. » L’homme de haute stature me mire un moment de ses yeux céladon avant de me demander si le Duc m’attend. « S’il m’attendait, je ne vous demanderais pas si je peux m’entretenir avec lui, je vous aurais mentionné qu’il m’attend ! Dites lui, c’est que c’est important, mais que je ne peux m’entretenir qu’avec lui » j’improvisais totalement et j’espérais qu’il ne remarque pas les tremblements de mes mains, j’avais toujours un mal de chien à contrôle mon angoisse.

Sans prévenir

@Emrynn D'Utheres et @Neven Pryderi

Emrynn avait vaqué à ses occupations toute la journée, et en cette fin d'après midi, il était avec son écuyer en train de s'entrainer aux armes. Le duel entre les deux hommes était à sens unique, le général remportant joute après joute malgré le talent que démontrait l'élève. Celui-ci arrivait à la fin de son apprentissage, mais le maitre était intraitable, et d'une habilité telle que personne n'arrivait à le battre

"Tiens ta lame plus fermement Elouann, je te le répète chaque jour."

Un nouvel échange où la pointe émoussée de l'épée d'Emrynn termine sa course dans le plastron du pauvre écuyer, au niveau de son cœur

"Fléchis les jambes, tu seras plus stable pour contrer si tu en as l'occasion"

La leçon avançait quand Neil, le majordome de la demeure du seigneur d'Utheres à Camelot se présenta, toussant légèrement pour attirer l'attention de son maitre. Emrynn, trempé de sueur après tous les efforts fournis, s'approcha de son serviteur

"Fais des exercices d'attaque"

L'écuyer se mit en devoir de faire ce qu'Emrynn lui avait dit, se battant contre une ombre qui n'existait pas, faisant des mouvements que seule la répétition permettait d'exécuter à la perfection, sans y penser. Cela pouvait faire la différence entre la vie et la mort dans un combat réel.

"Qu'y a t il Neil ?"

Il était évident que le majordome était contrarié, agacé même vu son air pincé que le propriétaire des lieux connaissait fort bien. Le pauvre avait toujours cette tête quand quelque chose lui déplaisait

"Une dame s'est présentée, monseigneur, elle dit être dame Brisène de Dacaster, la veuve du seigneur Pellinor. Elle n'a pas été mandé, mais elle affirme avoir quelque chose à dire que vous seul pouvait entendre. Je suis navré monseigneur, mais elle n'a pas voulu me dire de quoi il s'agissait"

Alors voila, c'était donc cela qui tracassait le pauvre. Il n'aimait pas les entorses à l'étiquette, et se présenter sans avoir été convié en était une à ses yeux. Emrynn sourit, il était certes général des armées avaloniennes, et donc très important pour le royaume, mais même s'il connaissait l'étiquette par cœur, et qu'il savait très bien l'appliquer, il était moins à cheval dessus.

"Elle a fait le voyage jusqu'ici, alors traitez la comme il se doit Neil. Je compte sur vous pour la faire patienter le temps que je me rende présentable"

"Cela va se soit, monseigneur"

Neil avait levé la tête, le menton haut, de défi envers son maitre qui avait seulement suggéré que son serviteur ne soit pas à la hauteur. Heureusement que les deux hommes se connaissaient bien, et s'appréciaient, car l'on aurait pu croire qu'ils étaient fâchés à cet instant, ce qui n'était pas le cas.

Emrynn prit congés de son écuyer, lui donnant encore quelques exercices, sans aucune pitié pour le pauvre, avant de le libérer lorsqu'il les aurait terminé. Ensuite il se rendit dans sa chambre où il fit un brin de toilette pour retirer la sueur qui le recouvrait. Il enfila ensuite une belle tenue, tout ce qu'il y a de plus protocolaire pour son titre, et il se fit accompagner dans le boudoir où la dame l'attendait depuis un temps certain. Le seigneur d'Utheres avait connu son époux, l'ayant côtoyé à différentes reprises, mais il ne se rappelait pas le visage de sa femme. Il salua contre il le fallait, venant lui faire un baise main des plus protocolaire

"Madame, vous me voyez navré de vous avoir fait attendre si longtemps. Je ne vous attendais pas et j'ai du me rafraichir afin d'être présentable pour paraitre devant vous. J'espère que ça n'a pas été trop long et que vous me pardonnerez ce désagrément."

Emrynn avisa le plateau avec tout ce qu'il fallait pour se désaltérer ou manger, preuve s'il fallait encore en avoir, de la compétence de Neil. Une dame de compagnie se trouvait avec la noble dame, la bienséance ne permettant pas de la recevoir toute seule, du moins pas sans sa demande expresse, et encore cela serait sans doute mal perçu, bien que la réputation d'Emrynn soit sans tâche de ce côté la.

"Dites moi donc, que puis je pour vous ?"

Sans prévenir

@Emrynn D'Utheres et @Neven Pryderi

Il allait sans dire que ce à quoi je jouais pouvait me valoir le pilori pour des jours, mais je n’avais pas peur d’être puni, mais plus de décevoir Dame Tilvia pour une mission aussi simple que celle qu’elle m’avait confiée. Cela ne m’empêchait pas d’avoir cette boule dans le ventre et cette voix dans ma tête qui me disait que ma ruse ne fonctionnerait pas. Lorsque l’homme qui m’avait adressé la parole la première fois revint avec cet air pincé sur le visage, je fus très soulagée qu’il me laisse entrer. « Je suis surpris que vous ne soyez pas accompagnée, je vais faire venir une Dame de la maison afin que votre entretien avec le Seigneur d’Utheres se passe selon le protocole » En voilà bien une idée, ne comprenait-il pas que je voulais justement voir le Seigneur sans personne d’autre que nous ? Mon cerveau se mit en action et mes mains se retrouvèrent rapidement à se torturer l’une et l’autre. Comment parler à une personne sans oreilles indiscrètes, si je ne disais rien, j’allais avoir fait tout cela pour rien et passer pour une étrange femme et si je lui disais, qui me dit que ces mêmes oreilles indiscrètes n’allaient pas raconter ce qu’elles avaient entendu ? Par Merlin, me voilà dans une situation bien embarrassante. Il me fit entrer la première dans une pièce qui ressemblait à une sorte de salon qui devait servir de bureau, du moins, c’est se qui semblait. « Dame Brisène, je vous présente Dame Estrella, elle sera votre Dame durant l’entretient avec monseigneur » Je saluais la jeune dame d’un signe de tête courtois, cachant ma gêne tant bien que mal et sentant mon ventre devenir de plus en plus douloureux. Afin de me donner consistance, le temps que le Seigneur arrive, je fis semblant d’observer les armoiries et les décorations de la pièce, allant même jusqu’à poser des questions au passage. Après plusieurs minutes qui me parurent des heures, un homme d’une cinquantaine d’années, le visage bon et le regard franc se présenta tout en me saluant. "Madame, vous me voyez navré de vous avoir fait attendre si longtemps. Je ne vous attendais pas et j'ai dû me rafraichir afin d'être présentable pour paraitre devant vous. J'espère que ça n'a pas été trop long et que vous me pardonnerez ce désagrément." Je posais une main sur la naissance de mon cou, comme je l’avais déjà vu faire dans les rues de Camelot lorsqu’un noble conversait avec sa Dame. « Monseigneur, c’est moi qui devrais requérir votre pardon en venant sans prévenir vous solliciter. » Mon regard se posa un court instant sur le domestique resté dans un coin et sur la Dame qui attendait le moindre de mes mouvements. "Dites moi donc, que puis je pour vous ?" Je gardais quelque peu le silence, comme pour faire monter le mystère sur ma présence dans ce lieu. J’étais si nerveuse que je n’avais même pas pu mettre à profit le temps qu’il m’avait accordé en tardant à se faire présentable. « C'est-à-dire que l’affaire est assez délicate et que…j’avais espéré pouvoir vous parler sans tout ce protocole lié à nos titres… » À mes mots je me tournais vers Dame Estella. « Madame, ni voyez ici aucune malice envers vous, mais je sollicite la discrétion et je ne souhaite aucunement vous mettre dans un quelconque embarras avec une telle nouvelle à porter » Elle se tourna vers le Seigneur et attendit qu’il lui demande lui-même de partir, tout comme le serviteur qui s’exécuta dès que l’ordre fut donné. Voilà, cela n’avait pas été si compliqué finalement. J’attendis que la porte se referme pour me tourner en direction du Seigneur Emrynn. « Pardonnez mon audace, Monseigneur, je me suis montrée bien désinvolte et j’espère que vous me pardonnerez lorsque vous serez informé…Mais je vous demande juste de m’écouter jusqu’au bout sans m’interrompre. » J’attendis son accord, je pouvais lire aisément le trouble face à mes mots, je pense que mon comportement aurait été le même face à de telles paroles. « Il y a quelques jours de cela, j’ai croisé le chemin d’une de nos amies communes. Recherchée depuis sa fuite, je pense sans mal que vous aurez deviné de qui je parle. Elle voulait juste vous faire savoir qu’elle se porte bien et qu’elle espère trouver ce pour quoi elle a dû quitter précipitamment Camelot…Quant à l’humble messagère que je suis, je me sens bien mal à l’aise de vous menti sur mon identité, mais comprenez qu’il m’était impossible de vous approchez sans éveiller les soupçons, car les gardes du Régent surveillent les allers et venus des gens que vous recevez… »

Sans prévenir

@Emrynn D'Utheres et @Neven Pryderi

Emrynn ne reconnaissait pas la dame qui lui faisait face, mais comme son souvenir de l'épouse du Seigneur de Dacaster était on ne peut plus flou, il ne s'y attarda pas, plutôt gêné d'ailleurs de ne pas se rappeler. Elle s'excusa bien entendu de venir sans y avoir été invité, ou avoir annoncé sa visite, comme le protocole le voulait

"Ne vous en faites pas, il est naturel de recevoir ses homologues. C'est surtout que vous avez de la chance que je sois présent, ce n'est pas toujours le cas."

Emrynn voyageait en effet beaucoup, que ce soit pour inspecter les troupes en tant que général, ou encore visiter ses confrères pour tisser des liens qui s'avèreraient utiles en cas de conflit majeur. Il devait jauger ceux qui viendraient se battre. Il y avait également les manœuvres pour que les soldats apprennent les tactiques et qu'ils puissent les mettre en œuvre aisément lorsqu'il faudrait le faire en situation réelle.

Il fronça les sourcils en entendant la suite. Une affaire délicate, de quoi cela pouvait il bien s'agir ?? il était des plus intrigué. Elle désirait une discrétion absolue, allant jusqu'à demander le départ de la dame de compagnie, qui était présente pour son honneur. Emrynn fit un signe d'acquiescement de la tête à la requête de Brisène lorsque la dame de compagnie se tourna vers lui pour prendre des instructions. Après tout la réputation du général était celle d'un homme intègre, et malgré la situation peu conventionnelle, il ne pensait pas que des rumeurs circuleraient à ce propos.

"Installez vous, je vous en prie"

Tout le monde s'était levé quand il était entré dans le boudoir. Après qu'elle ait pris place, il en fit de même dans un fauteuil qui faisait face au sien, le bougeant afin qu'il soit suffisamment loin pour les "on-dit", et proche dans le cas ou elle préférerait chuchoter, de crainte que les murs n'écoutent.

"Vous m'intriguez, expliquez vous, je suis tout ouïe"

Elle reprit, et la voila en train de demander pardon en avance, ce qui rendait le général perplexe, complètement perdu sur ce qu'elle allait bien pouvoir lui annoncer. Heureusement, il avait apprit à contrôler ses émotions, et il fit tout son possible pour ne pas montrer son désarroi devant ce qu'il se passait, et l'impatience qui commençait à le ronger.

"Je vous fait la promesse de vous écouter jusqu'au bout, allez y. Dites moi donc ce qui vous tracasse tant ? et quelle est cette nouvelle mystérieuse qui semble de premier intérêt."

Malgré tout son talent, il n'arrivait pas à totalement dissimuler son questionnement sur ce que la dame allait dire. Emrynn écouta donc la raison de sa venue. D'abord interloqué par les premiers mots, il comprit aisément que l'on parlait de Tilvia. Il sourit, tout en étant un brin en colère. Il était content d'avoir des nouvelles, il était clair qu'il était inquiet depuis la fugue de celle qu'il avait lui même envoyé sur les routes, il était donc ravis d'avoir des nouvelles. Par contre, bien que comprenant qu'il n'était pas facile de l'approcher pour parler de ce sujet, il n'appréciait pas qu'elle ait mis en danger une tierce personne. Pourtant un courrier pouvait se faire intercepter, et il n'était pas évident de pouvoir venir discuter avec Emrynn tranquillement. Il en arrivait donc à se demander comment les deux femmes s'étaient rencontrées, et pourquoi Tilvia lui avait suffisamment fait confiance pour lui demander ce genre de service. Emrynn avait comprit que la femme qui lui faisait face n'était pas l'épouse de feu le Seigneur de Dacaster. Elle risquait gros en usurpant un titre de noblesse, et elle devait le savoir pour avoir imploré son pardon avant de délivrer son message. Le général avait la mine sombre, ce qui pouvait inquiéter son interlocutrice sur son devenir. Il lui fit finalement un sourire avenant

"Je vous remercie pour les risques que vous avez prise pour arriver jusque moi sans attirer de soupçons, vous êtes bien courageuse, madame, je vous le dis. Je suis dorénavant votre débiteur."

Nul doute qu'elle devait mieux respirer en entendant ces mots sortir de la bouche d'Emrynn, celui qui avait le pouvoir de la punir pour ce qu'elle avait fait.

"Maintenant que vous avez fait ce chemin jusqu'ici, profitez donc de ceci" fit il en montrant les rafraichissements "et racontez moi, s'il vous plait, comment vous vous êtes rencontrés. Par la même occasion, j'aimerais savoir qui vous êtes et comment vous vous appelez, comme ça je saurais envers qui je suis redevable."

Elle ne devait pas avoir l'habitude de ce genre de réception, bien qu'il ne sache pas du tout qui elle était.

Sans prévenir

@Emrynn D'Utheres et @Neven Pryderi

Plus mes paroles étaient proches du dénouement et plus je ressentais une douleur lancinante dans mon ventre. J’avais donné ma parole à la jeune Tilvia, elle m’avait fait confiance et je ne voulais pas la décevoir et bien que j’avais ouïe dire de bonnes choses sur le Général d’Utheres, ma nervosité face à son visage impassible, voire tourné de plus en plus vers la contrariété, fit ma par me faire baisser le regard pour éviter de m’arrêter dans la délivrance de ce message. Une fois ma mission accomplie, je laissais un long et bruyant soupire traverser mes lippes, sans doute l’angoisse devait elle s’échapper d’une telle manière pour éviter à mes tics nerveux d’accentuer ma situation de malaise. "Je vous remercie pour les risques que vous avez pris pour arriver jusqu’à moi sans attirer de soupçons, vous êtes bien courageuse, madame, je vous le dis. Je suis dorénavant votre débiteur." Sa phrase me fit redresser le regard et je mirais ses iris bienveillants et sincères, n'y avait-il pas de ruse là dedans ? Non, ce seigneur semblait dénué de toute cruauté qui l’aurait amené dans de tels subterfuges. Je laissais alors un sourire franc et plein de sincérité venir éclairer mon visage jusque-là tendu par le mensonge et le stress. Une main sur mon corset emprunté pour l’occasion et je rebaissais les yeux, laissant même un rire nerveux m’échapper. Il n’y avait pas besoin de parole pour comprendre le soulagement qui était le mien et la gratitude que je devais à cet homme. Le Seigneur me proposa de profiter de quelques mets qu’on avait mis à notre disposition comme cela devait être le cas pour tous les invités de cet endroit. Il m’invita à étoffer mon récit sur ma rencontre avec la jeune fille du Régent et bien évidemment, connaitre mon identité.

« Évidemment et c’est bien légitime que vous le sachiez, je me nomme Neven Prydery » Sachant que mon nom de ne lui dirait absolument rien, je continuais dans ma présentation. « J’ai vécu ici à Camelot pendant près de 7 ou 8 années. Feu mon époux était chaudronnier dans la grande rue qui mène au centre de la cité. Je crois d’ailleurs vous y avoir aperçu une ou deux fois, mais là, n’est pas le sujet. Mon mari est décédé depuis plusieurs mois à présent et j’ai du quitté la cité… » J’évitais d’entrer dans les détails, de lui dire que notre Divinité ne vous avait pas béni d’avoir des enfants et que comme toutes les femmes, je n’étais pas assez importante pour toucher l’héritage, même s’il tenait dans une caissette. « La jeune Dame qui m’a transmis le message, je l’ai connu petite, jouant dans les rues dissimulée sous les traits d’un garçon…je n’ai donc eu aucun mal à la reconnaitre le jour où s’est présentée à la porte de ma chaumière dans le village de Gard…Je l’ai aidé à se cacher des soldats qui pouvaient la rechercher, elle et ses compagnons de route. J’ai humblement offert à tous le couvert et un peu de repos…Puis, elle m’a demandé d’aller vous trouver et je l’ai fait de bon gré, malgré, je le sais…les risques que cela comportait. Je vous avoue, le pilori ne me tentait pas et il aurait été le moindre des maux, j’imagine ? » Je me levais pour prendre de quoi boire, toute cette discussion et l’angoisse ressentie m’avaient rendu la gorge sèche. Je prenais un verre et versais ce qui ressemblait à la boisson la moins alcoolisée. Portant le liquide à mes lèvres, je le laissais glisser le long de ma gorge comme un bandage sur une plaie. « C’est bien meilleur que le lait de chèvre, pour sûr ! » Laissais-je le plus naturellement du monde avant de poser ma main sur ma bouche me rendant compte de mon manque d’éducation. « Veuillez pardonner mon impulsivité, seigneur, je me suis bien trop retenue jusque-là »