feat. Daphtëa
Elaine avait toujours apprécié le château, chaque pièce, chaque couloir lui rappelait des souvenirs d'enfance. Elle se souvenait des fois où elle était montée sur des arbres pour prouver aux autres qu'elle pouvait le faire, comme elle montait sur les genoux de son père dans l'une des bibliothèques pour voir ce qu'il lisait. Elle se souvenait de tellement de choses que parfois, elle avait tout simplement envie d'oublier et de tout redécouvrir comme la première fois. Elle aurait aimé ressentir à nouveau cet émerveillement enfantin face à l'édifice lorsqu'elle était entrée la première fois en ces lieux sacrés. C'est alors qu'elle avait su sans l'ombre d'un doute qu'elle voudrait y passer le plus clair de son temps, qu'elle voulait servir son royaume comme son père pour pouvoir être en ces lieux. La magie qui régnait en ces lieux lui parcourait le corps comme une nuée de bulles d'électricité, elle aurait pu se volatiliser là, en plein milieu du couloir sans aucun effort. Elle aurait pu se fondre parmi les ombres, en devenir une elle-même et écouter les chuchots des gens de la cour, les écouter raconter leurs pires erreurs, leurs plus belles joies. Une missive à la main, elle croisa le regard de plusieurs jeunes nobles dans les couloirs qui lui adressèrent un énorme sourire, mais leur regard était remplis de peur. Sa réputation la précédait et les jeunes n'étaient pas doués pour cacher leurs émotions. Face à la peur dans leurs yeux, elle répondit avec un énorme sourire, le sourire d'un prédateur.

Elle n'arrivait pas à trouver le jeune prince afin de lui donner la missive d'un de ses espions qui était fort intéressante. Elle se dirigeait alors vers les jardins afin de le trouver. Entre-temps, elle était passé dans ses appartements pour nouer un chapeau décoré finement sur sa tête avant de s'exposer au soleil. Elaine aimait être à la mode, aimait faire retourner les têtes sur son passage à cause de ses vêtements. En chemin, elle demanda à une servante si elle savait où se trouvait le prince mais elle-même l'ignorait et lui dit simplement de trouver son esclave afin de lui poser la question. À cette réponse, Elaine faillit rouler des yeux mais ne dit rien. La demi-sang comme elle la surnommait était d'une incroyable impertinence, essayant de se comporter, de parler comme si elle était l'une des leurs en ignorant qu'elle ne pourrait jamais l'être. Le prince avait trop bon coeur lui accordant des faveurs qu'un maitre ne devrait jamais donner à un esclave ce qu'elle trouvait rébutant alors à chaque fois qu'elle en avait l'occasion, à chaque fois que cette gamine franchissait les limites de la bienséance en société, elle lui rappelait les bonnes manières, lui rappelait d'où elle venait avec finesse. La demi-sang avait un regard qu'elle voyait parfois chez les espions qu'elle avait, une rage l'habitait et elle pouvait la voir couver à la surface de ses yeux comme un venin.

Pour son plus grand malheur, elle tomba sur la demi-sang en train de faire des travaux de jardinerie. Elle la jaugea rapidement du regard avant de soupirer et d'aller jusqu'à avec son pas léger habituel. Une fois près d'elle, elle s'éclaircit la voix et la salua froidement « Daphtëa.» Elle lui adressa un sourire sournois et raffermit sa prise sur sa lettre avant de lui demander « Pourrais-tu m'indiquer où est ton maître ?» En attendant sa réponse, ses yeux parcoururent la nature environnante, luxuriante autour d'elle en imaginant être ailleurs qu'à parler à cette esclave mal-élevée.

azayim